Léandre Little - Si les coeurs sont sales, il faut les nettoyer

Je suis le seul enfant de mes parents et je dois avouer que quand j'étais enfant, la solitude m'a pesée parce que mes parents étaient du genre occupés. C'est quand même terrible de se dire que pour un enfant d'à peine 2 ou 3 ans la solitude était lourde à gérer, non ? Et bien pourtant, ça a été ma vie. Enfin ça, c'est jusqu'à ce que j'arrive en maternelle, là j'ai fais la rencontre de ce qui allait devenir plus qu'une simple bande de potes. On était inséparables. On a fait les 400 coups tous ensemble, on était tous unis contre le reste du monde. Pourtant pour moi, rien n'était gagné d'avance ... S'ils n'avaient pas été là, j'aurais certainement été seul parce que ... J'étais gros. Voilà, Little le petit gros. Ça faisait mauvais genre quand même. Mais mes potes étaient là et c'est en parti grâce à eux que j'ai réussi à devenir qui je suis. Ça n'a clairement pas été facile par contre. Plus je grandissais et plus j'ai eu des hauts et des bas. Mais pas des hauts et bas normaux, non vraiment très intense. J'étais très haut, puis très bas. J'ai du me forger une carapace parce qu'être gros et en plus dépressif, c'était de donner des armes à tous ceux qui voulaient me faire du mal. Non, non, j'ai tout caché derrière un masque de bonne humeur, de joie, de mec "foufou" qui fait des blagues en cours ...

On est à l'école secondaire maintenant, j'ai finalement réussi à perdre du poids après des années, mais ça c'était grâce à mon côté hyperactif, à mes montées de bonheur très hautes qui me faisaient me prendre pour un super-héros et tout donner sur les différents terrains sportifs. Hockey, football, soccer, je faisais tout ce qui était possible de faire ! Je suis toujours le comique de notre bande, celui toujours prêt à faire rire le monde pour le rendre plus beau ! C'est dans ces années-là que j'ai découvert le théâtre et j'ai adoré de pouvoir faire rire plus de personnes. Je suis le petit maladroit qui même quand je ne tente pas forcément de faire rire, je fais rire quand même, mais en réalité ce côté-là ne m'a gêné, je l'adore. J'en joue même ! Je pousse dans l'extrême, mais derrière le masque, ça n'allait clairement pas toujours.

Bipolaire. Voilà, le diagnostic était tombé. J'ai 16 ans et je viens d'être hospitalisé parce que je me suis fais percuter par une voiture. Enfin ça, c'est la version officielle. La vraie version, c'est que je me suis jeté devant, mais ça ... Je ne l'ai jamais dis à personne. J'ai tout fait pour le cacher parce que j'avais honte. Honte de l'avoir fait, honte de m'être raté, honte d'être encore là.

Je suis revenu à l'école, j'ai repris le cours de ma vie comme j'ai pu. Maintenant je suis suivi, enfin, on tente de me suivre, mais quand je suis dans mes périodes de manie, je n'ai plus envie de prendre mon traitement et je rechute encore plus bas, mais mes manies sont si hautes bon sang ... Je pourrais m'envoler ! C'est pendant une de mes périodes "de joie" que Dylan quitte la ville. Heureusement, sinon on m'aurait ramassé à la petite cuillère. Mais au final, je le comprends. Il est parti réaliser son rêve mon pote, Goliath, je ne lui en veux pas.

J'ai continué ma vie tranquillement par la suite, en tout cas, aussi tranquillement qu'une montagne russe peut l'être. Mes parents sont encore en vie, je passe tous les week-end pour les voir et prendre le temps de manger & passer un peu de temps avec eux. J'ai passé ma vie ici, j'ai continué de faire le clown dans toute sorte de boulot avant de trouver un vrai métier de ... Bah de clown justement. Faire du bien à des enfants malades, ça ne peut que me faire moi-même du bien, non ? Maintenant, je prends mon traitement de manière assez stable, mes émotions font moins le yo-yo, mais une chose reste : je suis toujours "Little le rigolo".