((enis&ley) Retour vers le futur

 @Enis Akman  

Tu es nulle. Tu le sais parce que ton comportement est nul, ton raisonnement est nul mais tu ne peux rien y faire. Assise au volant de ta voiture, tu fais tourner la bague que Jamie t’a offerte autour de ton doigt en espérant que cela calmera tes angoisses. Méthode qui a fait ses preuves sur la grande angoissée que tu es mais aujourd’hui, c’est inutile. Comme toujours quand on parle d’Enis, ton cœur s’en mêle et ta tête ne sait plus raisonner. Tu tentes de te calmer, tu tentes d’utiliser toutes les méthodes de la relaxation qu’on t’a apprise aux fils des années mais rien ne marche et voilà que tu manques d’air. Alors, tu sors. Tu n’es pas encore sur le pas de la porte de son restaurant mais la boule dans ton estomac te compresses et t’étoufferais presque. Tu as chaud, tu t’énerves contre toi-même, contre tes peurs face à lui qui t’a juré de toujours être là. Naïvement, tu l’as cru a tort dans le passé mais peut-être que tu avais mal compris ? Mal jugé la situation ? Après tout, tu n’étais qu’une adolescente sous le coup de ses hormones.. Est-ce que c’est une excuse qui lui suffira ? Et si ça ne suffit pas ? Soudainement, tu ressembles à l'adolescente qui a quitté la maison, tu retrouves cette peur qui ronge. Celle que tu as fuis la dernière fois, celle que tu ne veux plus fuir. Tu remontes ton sac sur l'épaule de ton manteau en prenant une bonne dose de l'air froid de l'hiver, laissant ta veste ouverte sous ton écharpe pour ne pas suffoquer. Tu oses ensuite pousser la porte du restaurant où tu reconnais instinctivement son style. Style qui lui aussi a mûri. Puis une serveuse vient te parler pour t'indiquer que le restaurant est fermé. Tu lui souris en la remerciant et en lui demandant si elle peut faire appeler Enis. En lui disant que tu es sa sœur. En espérant que cette information ne va pas le faire fuir par la porte de secours. Elle te demande de patienter et tu le fais, mais les secondes ressemblent à des heures et les minutes te semblent interminables. Tes yeux fixe la bague qui ne fait que tourner encore et encore. Tu aimerais qu'il soit là, Jamie mais il ne faut pas. Retrouver Enis, tu dois le faire seul. Comprendre qu'il ne veut plus de toi aussi et pour le moment, tu ignores encore si il va franchir cette porte ou pas. Si il va sourire ou pas. Si il t'aime encore .. Ou pas.

  @Leyla Akman

Cela faisait plusieurs jours que j'étais rentré et j'avais qu'une seule envie sortir ! Je sais qu'il m'est interdit de conduire, mais bon il y a les transports communs et pour avouer, j'avais envie d'aller à mon restaurant. Après tout, la dernière fois que je me souviens de lui, il était en travaux.. J'avais pris la peine d'écrire un mot à Ayline pour ne pas qu'elle s'inquiète si à son retour j'étais pas présent. J'aurais pu lui envoyer un message, mais elle ne m'aurait pas laissé y aller..

Je suis prêt à partir avec mon jean et ma grosse veste, même si j'ai mis plusieurs minutes à la mettre à cause de cette atèle à mon poignet... Je finis par sortir de la maison en prenant en photo la devanture, ainsi que le numéro, on sait jamais si j'oublie. J'ai de la chance, le restaurant est dans le même quartier que là ou on vit. Je me promène en prenant soin de dire bonjour aux gens, même si tous ses visages me semblent inconnus.

Après plusieurs minutes, je me retrouve devant le Clair de Lune et j'entre prenant une grande respiration. J'adore cette odeur. Une serveuse me salue et me demande comment je vais et qu'elle est au courant de tout. Je bafouille quelques mots avant de me rendre à l'arrière cuisine. J'échange quelques mots avec Dorian, avant qu'on vienne nous interrompre. Je comprends pas, la serveuse reste à l'entrée de la cuisine, comme si elle avait peur que j'entre dans une rage folle ou que sais-je.Elle murmure  « Ta soeur est là » Mais j'ai du mal à comprendre ce qu'elle me dit.  Nasser ? Qui est Nasser ? C'est peut-être un ami à moi... « Dis-lui que j'arrive ! »

Au bout de plusieurs minutes, après avoir fini ma conversation avec Dorian, je me rends dans la salle. Et elle était là. Leyla. Je compris alors, qu'il n'y avait pas de "Nasser" mais que la serveuse avait dit "ta soeur". Je restais figé la voyant. Je ne savais pas si elle était toujours fâchée ou non. « Leyla.. » Murmurais-je... J'allais alors vers elle hésitant à la prendre dans mes bras. D'après les dire de Ayline, nous étions toujours en froid et elle ne l'avais d'ailleurs toujours pas rencontré. Je me retenais de lui sauté dans les bras, de la serrer contre moi, mais je n'étais pas sûr qu'elle accepte mon accolade. « Je.. Je savais pas que tu devais passé.. Tu as tellement grandi.. Je.. Tu veux boire ou manger un truc ? » Des banalités, mais je ne savais pas quoi dire d'autres. Après tout, si pour elle ça faisait sept ans qu'on avait plus eut de contact, pour moi c'était depuis un peu plus d'un an...

Je t'ai piqué ta mise en page & désolé de l'attente  

 @Enis Akman  

On dit qu'un coeur peut tout endurer. On dit que malgré les apparences, un coeur se tord, se brise mais ne cède jamais mais qu'en est-il des coeurs qu'on a trop abimés ? Tu n'as pas parlé à Enis depuis des années, lui qui était ton confident, ton tout. Tu as tellement souffert de cette rupture que tu as provoquée que tu ne peux que douter de son envie de te revoir. Qui aurait envie de te revoir après tant de douleur ? Tu n'oses pas regarder la porte de la cuisine, tes yeux se perdent un peu partout dans ce lieu où tu le retrouves. Dans les touches de couleurs qui rappellent celle de sa chambre d'adolescent, dans les milliers de souvenirs que tu as de ses récits sur son rêve. Il l'a fait. Il a fait de son rêve une réalité, loin des rêves de vos parents, loin des hôtels qui semblaient vous êtes destinés. Tu te perds dans tes pensées, comme souvent quand le stress te gagnes. Encore une technique au résultat discutable mais sa voix te ramènes dans le présent.

« Salut toi. » Naturellement, un sourire timide se dessine sur ton visage quand tu croises le sien. Tu es heureuse de le voir, heureuse de savoir qu'il est là malgré la surprise que tu lis sur son visage. Il s'approche doucement et tu fais la même chose même si au fond de toi, tu meurs d'envie de juste le prendre dans tes bras. De simplement savourer ce moment avant de l'engueuler pour la frayeur qu'il t'a faite. Tu n'as pas le droit de faire cela, Leyla. Tu as perdu tes droits en prenant tes clics et tes clacs, il y a maintenant presque 8 ans. Et tu ne peux pas jouer sur ses années perdues avec innocence, cela ne serait pas juste. « Sincèrement, moi non plus, je .. Je n'étais pas sûr que tu m'ouvrirais ta porte. » Tu hausses les épaules. On ne peut pas dire que tu lui ai tout dit ses dernières années mais tu n'es pas une menteuse. « Avec plaisir, je veux bien boire un truc. Tu veux qu'on aille faire un tour ailleurs ? Ou rester ici ? » Tu ne savais pas comment tu devais te tenir avec lui, ignorer les années ? Ou ignorer son amnésie ? Aucun medecin ne t'avait donné de conseils et pour le moment, tu n'avais pas encore eu à faire au dégat que l'amnésie avait pu faire alors, tu avances à tatons. « Tu te sens comment ? »

  @Leyla Akman

Quand la serveuse était venu me voir, si j'avais su qu'elle parlait de Leyla, je n'aurais pas attendu. J'aurais couru vers elle pour la voir sans la faire attendre. Enfin couru, façon de parler car dans mon état.. Je n'arrivais pas à le croire après un peu plus d'un an, enfin non sept ou huit ans je crois bien, sans la voir, elle était là. Elle avait bien grandi, c'était devenue une belle jeune femme à présent. Je m'avançais vers elle me retenant de la prendre dans mes bras. J'avais envie de la serrer, de sentir son odeur, de l'avoir tout contre moi pour être sûr que ce n'était pas une hallucination à cause de mon traumatisme crânien. Après tout, le médecin m'avait dit que ça pouvait arriver. « Salut toi. » Je souris. C'est pas un rêve, j'aurais pas pu imaginer sa voix, bien que je ne l'ai pas entendu depuis des années, j'aurais pu la reconnaitre. Je me demandais encore, comment on a pas pu se parler pendant toutes ses années. Cela m'a beaucoup attristé quand je me suis installé à Blue Valley de ne plus avoir de ses nouvelles, je l’appelais, lui envoyais des cartes postales, mais rien n'y faisait. Pour elle je l'avais trahit, alors qu'à mes yeux j'étais juste parti, pas pour toujours, pas loin d'elle, mais c'était comme ça.. « Sincèrement, moi non plus, je .. Je n'étais pas sûr que tu m'ouvrirais ta porte. Avec plaisir, je veux bien boire un truc. Tu veux qu'on aille faire un tour ailleurs ? Ou rester ici ? » J'avais envie de sortir de prendre l'air, mais j'avais déjà fais pas mal d'effort aujourd'hui, déjà que je devais éviter les émotions fortes, avec les retrouvailles de Leyla, c'était un peu trop.. « On va rester ici si tu veux.. Aiyana, tu peux aller nous chercher un truc à boire s'il te plait. » Je regardais Leyla et j'avançais vers une table pour m'asseoir, l'invitant à faire de même. « Tu te sens comment ? » Je soupirais baissant les yeux, me focalisant sur l'attèle que j'avais au poignet. Je ne savais pas ce qu'elle savait, est ce qu'elle pensait que c'était un banal accident qui a mal tourné, ou si elle était au courant pour l'agression ? « Je fais aller. J'ai un traumatisme crânien en ayant oublié pratiquement sept années de ma vie... J'ai encore trois semaines avec l'atèle, je peux même plus cuisiner et j'ai des côtés cassés qui font par moment un mal de chien.. Mais à part ça, ça va.. » Je ris un peu, plus par anxiété que parce que c'est drôle.. Je lève les yeux vers elle.. « Toi, ça va ? Tu... tu deviens quoi ? » Les échanges étaient banales, mais je ne savais pas comment me comporter, est ce que je devais faire comme si de rien était ?

 @Enis Akman  

Être face à lui était assez étrange. Presque huit années s’étaient écoulées depuis la dernière fois et tu avais clairement le sentiment d’avoir échangé un adolescent contre un adulte, contre deux. C’était bizarre de le voir en sachant la vie que tu avais, en sachant celle qu’il devait probablement avoir. Deux vies tellement différentes de celles que vous aviez la dernière fois. Et de ce fait, tu te sentais un peu gêné. Sentiment que tu connaissais pour la première fois en présence d’Enis. Sentiment étrange lui aussi, bien que parfaitement normal. Tu tentais de gérer ton stress au mieux pour que ta maladresse ne prenne pas le dessus. « Très bien. » Tu lui souriais avant de le suivre vers l’une des tables du restaurant. « C’est très jolie ici, tu as toujours eu beaucoup de goût pour la déco. » Est-ce que c’était un reste de votre enfance dans un hôtel ? Entre maman qui redécore et les livres sur ce même thème dans l’accueil ? Qu’importe, le résultat était là, sous vos yeux et ce restaurant était typiquement le genre de lieu plein de charmes que tu affectionnes. Tu lui demandais ensuite de ses nouvelles, grimaçant à sa réponse. Tu ne savais pas grand-chose sur l’accident en lui-même, ta mère t’avait surtout parlé de son état physique et mentale. Et c’est vrai, tu n’avais pas tellement posé plus de questions, laissant le choix à Enis de t’en parler. Ou pas. «  Les medecins sont optimistes ? Je suis sur que ton bras va vite s’en remettre et que tu avais besoin de cela pour faire une pause. » Ce n’est pas drôle, l’accident n’a rien de drôle et vous le savez tout les deux mais Enis est un travailleur. Enfin, c’est ainsi que tu l’imagines, que tes souvenirs te font l’imaginer. « Si ça peut te rassurer, tu as rien raté sur nous et .. je suis désolé. Pour tout. » Tu ne le regardes pas, tu ne peux pas affronter son regard c’est beaucoup trop difficile pour toi. « Oui, ca va, merci. »

  @Leyla Akman

Elle était là, ma petite soeur. Quand Ayline m'a dit que nous nous parlions toujours pas, j'ai eut du mal à y croire, mais elle était bien là. Peut-être que c'est mon accident qui a réveillé en elle le besoin de me voir vivant ? J'ai envie de lui parler de la prendre dans mes bras, mais je n'ose pas, j'ai l'impression que nous nous sommes trop éloignés pour avoir le droit d'être tactile avec elle. Elle me propose de faire un tour, mais je décline préférant m'asseoir. J'ai encore mal quand je marche, puis c'est tellement compliqué de mettre un manteau avec une atèle. « Très bien. » Je lui souris avant de m'installer avec un peu de mal. « C’est très jolie ici, tu as toujours eu beaucoup de goût pour la déco. » Je tourne la tête pour regarder aussi les lieux. C'est vrai qu'elle avait raison, pour moi je venais d'acheter l'endroit et j'étais en train de tout refaire, mais je ne suis pas mécontent du résultat. « Merci, beaucoup, j'aime bien aussi. Je veux dire, pour moi, dans ma tête, je suis encore en train de le retaper.. » Je ne sais pas trop comment me comporter avec elle, mais au fil de la discussion j'ai l'impression que c'est mieux, enfin c'est mon ressenti. Puis Leyla vient à me parler de ma santé... «  Les medecins sont optimistes ? Je suis sur que ton bras va vite s’en remettre et que tu avais besoin de cela pour faire une pause. » J'hoche les épaules en grimaçant, encore un mouvement que j'ai du mal à faire. Je lâcge un petit gémissent de douleur. « Pour mes côtes et mon poignet oui. Ma mémoire, ils savent pas. C'est tellement complexe, je dois éviter les choc émotionnels, mais ils ne savent pas si je vais me souvenirs de ses dernières années.. de mon mariage.. ou même de comment je suis arrivé dans cet état. » Je baisse un peu les yeux en évoquant mon mariage, imaginant qu'elle n'ait pas venu non plus. Je ne me voyais pas me marier sans elle, mais à priori c'est ce que j'ai fais. Je change de sujet la questionnant sur elle. « Si ça peut te rassurer, tu as rien raté sur nous et .. je suis désolé. Pour tout. Oui, ca va, merci. » J'imagine à quel point elle doit s'en vouloir même si je ne sais pas trop de quoi. Je peux me retenir de poser mes mains sur les siennes. « T'es ma petite soeur. Je peux pas t'en vouloir, surtout en ayant oublié ses dernières années.. Je sais pas combien de jours tu comptes rester mais j'aimerais qu'on essaie de se retrouver si tu le veux bien.. » J'esquisse un petit sourire. J'espère que mes mots la feront se sentir mieux, car je l'aime tellement et je veux pas la perdre pas encore.

 @Enis Akman  

« Peut-être que c'est l'occasion de refaire quelques trucs, maman disait toujours que tant que tout n'est pas parfait, on peut peaufiner et comme rien n'était jamais assez parfait pour elle. » Tu hausses les épaules, tu aimes ta mère mais ce besoin de perfection t'avait fait fuir. Il t'avait toujours hanté comme un vieux fantôme parce que tu sais que tu n'es pas parfaite. Tu l'as été à une époque, la petite fille parfaite, sage et intelligente et puis l'amour est passée par là et on connait la suite. Une suite que tu ne regrettes pas dans le fonds mais qui ferait tache chez les Akman. C'est une évidence. « Même si moi je trouve cela top. » Oui, tu as toujours été sincère, souvent maladroite aussi avec tes mots mais avec les années qui ont filée, est-ce que tu avais encore le droit de l'être ? Tu l'ignorais. Même si là, tout te semblait assez naturel, tu avais ce sentiment étrange de l'avoir quitté la veille et pourtant, tout était différent. Il ne fallait pas que tu l'oublies. Tu n'en as pas le droit. Tu grimaces face à son gémissement, tu aimerais tellement pouvoir faire quelque chose mais tu es impuissante face à sa douleur physique mais aussi mentale. Des souvenirs, vous n'en avez pas alors tu ne peux rien lui raconter, tu ne peux pas le rassurer. « Je ne t'ai jamais vu aussi heureux que ce jour-là. » Petit aveu, petit détail de ta présence dont tout le monde se moquait ce jour-là mais tu ne pouvais pas la rater. Pourtant, jusqu'à la dernière seconde, tu avais hésité à faire demi-tour, à te vexer de le voir prêt à vivre un tel moment sans toi mais tu te connais, tu sais que tu aurais regretté ton absence. Même si lui ignorait que tu étais là enfin jusqu'à aujourd'hui. « Je ne sais pas non plus, j'ai trouvé un appart en ville et je peux bosser de n'importe où alors j'imagine qu'on a le temps qu'on veut. » Tu lui souriais avant de poser ta main sur la sienne. « Enis, pour qu'on reparte sur de bonnes bases, il faut que je sois franche avec toi et je ne sais pas si tu vas me comprendre ou me pardonner alors ne m'interrompt pas, ok ? » Ton regard change et tu retires ta main quand tu sens le stress monter. Tu te connais, tu frottes tes mains contre ton jean et prend une inspiration avant de reprendre. « J'ai une fille. Elle a huit ans. » BOOOM, la bombe est lâchée, tu n'as plus qu'à patienter…

  @Leyla Akman

Je regarde mon restaurant, c'est vrai qui me corresponds, je me reconnais dans chacun des choix que j'ai fais ici, mais ça me semble quand même bizarre. J'ai l'impression que tout a été fait en livraison express ! Alors que pas du tout, j'y ai certainement passé des semaines et des mois, peut être que j'ai voulu abandonner, mais le résultat était là, et j'aimais ce que je voyais. J'avais l'impression d'avoir hiberné pendant toutes ses années et je me réveillais avec un monde qui avait changé et moi pas.. « Peut-être que c'est l'occasion de refaire quelques trucs, maman disait toujours que tant que tout n'est pas parfait, on peut peaufiner et comme rien n'était jamais assez parfait pour elle. » Je la regarde et j'hausse les épaules à mon tour. « J'ai jamais été d'accord avec elle.. la perfection n'existe pas, enfin de mon point de vue. Faut juste se contenter de faire de notre mieux. Tout n'a pas être parfait et c'est parfait comme ça.. » Je sentais que dans mes paroles j'avais quand même muri, pris de l'âge. C'est difficile à décrire. Je me sentais pareil, mais différent à la fois. « Même si moi je trouve cela top. » Je lui souris, j'avais l'impression de rêver, j'étais dans le même étant que lorsque qu'enfant, j'ouvrais mes cadeaux pour Noel. J'avais du mal à réaliser qu'elle était bien là, en face de moi.
Je me contente de sourire et on vient à évoquer ma perte de mémoire et je parle de mon mariage. Ce mariage, dont je n'ai que les photos qui me servent de souvenirs, et encore, est ce qu'on peut appeler "souvenirs" des moments dont on ne se rappels plus ? Je ne t'ai jamais vu aussi heureux que ce jour-là. » je la tête brutalement. Attends quoi ? « Comment ça ? Je ne t'ai pas vu sur les photos et Ayline m'a dit que tu n'étais pas là.. » Je sais plus trop penser, est ce qu'elle était là mais personne ne me l'a dit ? Ou est ce qu'elle avait vu les photos avec maman ? C'était sans doute cela.. « Je ne sais pas non plus, j'ai trouvé un appart en ville et je peux bosser de n'importe où alors j'imagine qu'on a le temps qu'on veut. Enis, pour qu'on reparte sur de bonnes bases, il faut que je sois franche avec toi et je ne sais pas si tu vas me comprendre ou me pardonner alors ne m'interrompt pas, ok ? J'ai une fille. Elle a huit ans. » Elle commence à parler et pose sa main sur la mienne, je fais de même souriant. Mon visage se ferme un peu quand elle me demande de pas l'interrompre je fais un petit oui de la tête, voulant savoir ce qu'elle va m'avouer. Je reste sans voix, une fille de huit ans ? « Une petite fille ? Tu es maman.. Attends huit ans, ça veut dire que quand je suis venu ici tu étais enceinte ? Tu as fais un déni de grossesse ? » Elle va sûrement se demander comment je connais ce terme. Puis je me dis qu'elle a eut du courage pour m'annoncer ça et je la connais encore, pour voir que mon avis compte encore beaucoup pour elle. « Je veux dire, félicitation avec huit ans de retard... du coup, je suis tonton c'est ça ? »

 @Enis Akman  

« Je suis bien d’accord avec toi, aujourd’hui . » Et tu aurais aimé toujours pensé ainsi. Cela t’aurait évité pas mal de moment de solitude et de honte injustifié. Même si tout n’était pas mauvais dans ce rêve de perfection, cela t’avait toujours poussé à donner le meilleur de toi, à vouloir être la meilleure et peut-être aussi que ça t’avait poussé à croire en tes rêves. Tu ne sais pas, on ne peut pas savoir exactement l’impact d’un adulte sur un enfant. C’est ce qui t’effraie avec ta propre fille. Tu as toujours peur de faire sans le vouloir une chose qu’il ne faut pas, de l’inciter dans la mauvaise direction. « Sache que tu ne te marieras sans moi dans aucune de tes vies ! » L’air faussement convainquant, tu lui souriais,. Tu voulais jouer la carte de la plaisanterie, un moyen comme un autre d’évacuer le stress qui te ronges mais tu savais que c’était sérieux. Et avec ou sans mémoire, tu sais que tu as été invisible, les reproches de tes parents te le confirmant. Quant à lui, est-ce qu’il t’avait remarqué assise dans l’ombre ? Vous ne le serez jamais. « Je suis venue, sur le banc du fond, je voulais être là, c’était un moment important pour toi mais notre relation .. c’était pas au to. J’étais pas sûr que tu voulais que je sois là alors, je suis resté invisible. » Ca en deviendrait presque un talent d’être là sans l’être. Avec les années, tu as appris à le faire de mieux en mieux, surtout avec les Akman.

Akman a qui tu as assez menti. A qui, tu te demandes encore comment ils ont pu ne rien voir durant les années. Parce que si à la fin, tu ne les voyais plus, si durant quelques mois tu les évitais, tu étais encore là, par moment. Au moins physiquement en tout cas mais personne ne voyait rien. Personne n’osait te poser la moindre question et la vérité c’est que ça t’arrangeait autant que cela te faisait du mal. Tu ne veux plus de cela. Ton frère a failli perdre la vie, tu as failli le perdre à jamais et ça a tout remis en cause dans ton esprit. Tu sais que la première chose à faire maintenant, c’est lui dire la vérité et pour cela tu dois lui parler d’Enisa. Elle est ta raison de vivre, le centre de ta vie et elle n’a rien fait de mal. Rien qui justifie que tu l’as cache au monde ou à cette ville.  Tu fermes les yeux après ton aveux durant quelques secondes, attendant ce qu’il va bien pouvoir te dire. Comment il va réagir ? Est-ce qu’il va se facher ? Ou alors tenter de comprendre ? Tu ne veux rien t’imaginer, tu as peur de souffrir alors tu ne dis rien. Les quelques secondes qui séparent vos mots te semblent être une éternité puis il brise le silence. « Non. Je le savais quand tu es parti, je venais de l’apprendre. » Ta voix se serre un peu, elle est lourde en sentiment. Tu l’avais su quelques heures avant l’annonce de son départ. Ce départ qui avait d’ailleurs signé le tien. « C’est ça, tonton Enis. » Tu lui souriais, ça te faisait bizarre de le dire même si c’était la vérité. D’aussi loin que tu te souviennes c’était ta fille et toi contre le monde. Alors tu ressens le besoin de te justifier et tu reprends. « Je ne savais pas comment vous le dire, je sais ce qu’on en aurait pensé et je voulais la garder de toute manière. Je regrette de ne pas te l’avoir dit avant, avant tout ça. » C’était difficile de trouver les mots juste, les mots qui allaient reprendre parfaitement tes pensées.

  @Leyla Akman

En grandissant, les rapports avec mes parents ont changés et surtout avec ma mère, pour qui rien n'était assez bien pour elle. Il manquait toujours quelque chose. Si j'avais un A à l'école, j'aurais pu avoir un A+, et si j'en avais un, rien d'exceptionnel car j'avais appris ma leçon. Alors j'ai fini par m'éloigner d'elle petit à petit.. Mais j'avais jamais réalisé que ma soeur pouvait être autant impactée par sa façon de faire. « Je suis bien d’accord avec toi, aujourd’hui . » Je lui souris. On est d'accord sur un point quand même. Si seulement j'avais eut le courage de dire à ma mère de faire attention à ce qu'elle disait ou être plus protecteur avec Leyla. Je l'étais mais a l'extérieur, car naïvement, je la pensais en sécurité chez nous, avec nos parents. Elle fini par avouer a demi mot qu'elle était là à mon mariage. « Sache que tu ne te marieras sans moi dans aucune de tes vies ! Je suis venue, sur le banc du fond, je voulais être là, c’était un moment important pour toi mais notre relation .. c’était pas au to. J’étais pas sûr que tu voulais que je sois là alors, je suis resté invisible. » Cela me fait énormément plaisir, elle était là. Je souris tout en la regardant. « Je me souviens pas de ce qu'il s'est passé ses dernières années, mais je sais que j'aurais aimé que tu sois là, peu importe ce qu'il a pu se passer ou pas entre nous.. Et ça me touche de savoir que malgré tout, tu étais présente.. »

Les aveux s'enchainent et après qu'elle m'a annoncé être présente à mon mariage, voilà qu'elle m'annonce que je suis tonton. Je suis content et perdu, sa gamine a déjà huit ans. Est ce qu'elle était au courant quand je suis parti ? . « Non. Je le savais quand tu es parti, je venais de l’apprendre. » Je baisse un peu les yeux. Je m'en veux, elle était à combien ? est ce que j'étais tellement obnubilé par Ayline, que j'ai laissé ma soeur passer en second plan. Je m'en veux tellement que j'ose même plus la regarder. « C’est ça, tonton Enis. Je ne savais pas comment vous le dire, je sais ce qu’on en aurait pensé et je voulais la garder de toute manière. Je regrette de ne pas te l’avoir dit avant, avant tout ça. » Je fini par la regarder de nouveau faisant un non de la tête. « Ne  t'excuse pas. J'ai pas été présent, alors que je t'ai promis d'être toujours là. J'ai pas remarqué que tu étais enceinte. Tu l'étais de beaucoup quand je suis parti ? » Je pense à maman, et c'est vrai qu'elle aurait pas laissé passer ça. Elle aurait exigé que Leyla se marie à cet homme qui l'a mis enceinte et si c'est pas le cas, elle lui aurait sans doute demandé d'avorter. C'est horrible à dire mais c'est vrai.. « T'es toujours avec le papa ? Les parents sont au courant ? Non.. réponds pas si tu veux pas, tu es pas obligé.. Comment elle s'appelle cette petite puce ? » Si elle n'a rien dit jusque là, c'est qu'elle n'avait pas envie, je veux pas la braquer avec toutes mes questions, alors que je viens de la retrouver, elle m'en parlera quand elle le voudra...

 @Enis Akman  

« Rien. Ce qu’il s’est passé entre nous, c’est rien du tout. Je suis partie et j’ai tenté de faire acte de présence un moment et puis c’est devenu trop difficile alors j’ai arrêté de venir et le temps nous a échappé. » En le disant, tu trouves cela encore plus stupide mais c’est la vérité. Il n’y a jamais eu de disputes ou de mots mal placés. Tu as juste voulu garder ce lien unique avec ta famille, un bout de ta vie d’avant mais tu avais ton secret et tes sentiments. Le sentiment que ta famille ne te comprendrait jamais alors tu t’es éloigné. Et même si Enis n’a jamais été comme tes parents et qu’au fond de toi, tu sais qu’il aurait été là pour Enisa et pour toi, tu avais cette rancœur qui te semble ridicule aujourd’hui, cette fierté qui vous a séparé. Mais l’amour lui était toujours présent. C’était pour cela que tu avais à son mariage. Pour le voir heureux dans son beau costume, épousant une femme dont tu ne connais rien mais dont tu le sais amoureux.

Aujourd’hui, tu veux laisser le passé derrière toi. Aujourd’hui, tu as vu la mort l’effleurer et ça t’a donné le courage dont tu manquais cruellement depuis huit ans. Tu es Leyla Akman et oui, tu es maman. La maman d’une petite fille exceptionnelle et pleine de vie, une petite fille qui te combles de rires et de bonheur, pourquoi le cacher ? Tu n’as aucune raison valable de le faire, encore moins avec lui. « Quelques semaines seulement mais ce n’est pas ta faute, tu étais amoureux et je l’étais aussi, on était des ados, on ne faisait pas attention aux détails. » C’était une évidence, on était dans cet âge de la vie où nous sommes tous un peu égoïste. On vit au jour le jour, on vit pour l’amour. Tu riais ensuite légèrement face à ses questions qui étaient plus que justifié. « C’est le minimum que je te dois, j’aurais des dizaines de questions aussi si les rôles étaient inversés » D’ailleurs, tu en as mais tu n’oses pas. Pas encore. Entre vos retrouvailles et la mémoire, est-ce que c’est le meilleur moment ? Parler de toi reste plus facile, plus accessible et surtout rassurant. « Je ne suis pas avec son père biologique, il m’a quitté quand il a su que j’étais enceinte et je n’ai plus jamais eu de ses nouvelles mais on n’était pas seules non plus. » C’est un peu compliqué quand on y pense, tu sais que ta relation est Jamie est particulière, souvent incomprise. « Pour résumé les choses, quand je suis partie, je ne savais pas où aller alors j’ai roulé avant de faire une pause dans un diner où j’ai rencontré le patron. Il vivait en dessus et m’a proposé de rester, de bosser au diner en échange d’une chambre alors j’y suis resté, ce n’était pas parfait mais j’avais de l’argent pour mes rendez-vous et un toit sur la tête. Puis il est devenu mon meilleur ami, il a été là pour nous quand tout allait mal et aujourd’hui, c’est lui qui joue le rôle de son père. » Donc même si génétiquement tu voles en solo, dans l’éducation de ta fille, vous êtes deux. Evidemment, tu passeras toutes vos histoires de cœur, l’amour que vous vous portez sans être capable d’être ensemble, les complications.. « Enisa » Inspiration qui venait clairement de son prénom à lui, preuve que même loin, tu as toujours eu besoin de lui. « Papa et maman ne sont pas au courant, mais je vais leur dire, je ne sais pas quand mais elle va me poser des questions et je ne veux pas lui mentir »