Emerson Klermidy, music is gasoline

Un petit bout de femme, naïve et débauchée, tumultueuse et féérique, semblant venir d'un autre monde...

Emery a toujours été pétillante et souriante. À rire et faire rire même dans les pires moments. D'un soutient catalyseur et bienvenu en toute circonstance. Même si, parfois, elle fait rire et rit pour s'empêcher de pleurer. Elle est intense, Emerson. Vive et sensible. Émotive et empathique. Un mélange détonnant d'émotions et de sentiments qui la rendent parfois aveugle. Cela l'empêche aussi de regarder la réalité en face, ou de prendre des décisions importantes. On met cela sur le compte d'une immaturité latente, d'un refus de passer à l'âge adulte. Mais elle n'est pas si simplette, en vrai.

À amuser la galerie et à faire le pitre, forcément qu'Emerson n'a jamais été une très bonne élève. Ni aimée des professeurs d'ailleurs... Mais elle parvenait toujours à flirter avec les limites de l'acceptable. Rares étaient les fois où on la congédiait de la salle de classe - même si c'est déjà arrivé... Ses parents l'ont aimée, autant qu'ils ont aimé sa sœur aînée. Elles ont assez d'écart pour ne pas avoir eu la même enfance, mais pas assez pour être des inconnues l'une pour l'autre. Les sœurs Klermidy sont un mélange détonnant pouvant atteindre le fou rire aux larmes comme les pires colères. Mais d'une façon assez étrange, la plupart du temps, les sœurs se tempèrent l'une, l'autre.

Arrivée au collège, Emery fit la connaissance de sa bande de potes qui deviendra sa deuxième famille au fil des années. Charly va rapidement devenir une de ses meilleures amies, et en vérité, sa seule amie. Parce qu'à jouer d'humour et de légèreté, personne ne prenait Emerson au sérieux. Ni pour plus qu'elle n'était : un clown. Mais ce rapprochement prouva à la jeune fille que d'autres camarades pouvaient la trouver intéressante, et en tout cas s'intéresser à elle. Ce qui lui fit gagner en confiance. Alors son assurance cessa d'être un filtre pour masquer ses petites anxiétés d'adolescente.

C'est au lycée que les premiers amours arrivèrent pour Emy. Ce n'était pas un modèle de charme et de séduction - et ne l'a jamais été de toute façon - d'autant qu'avec son côté garçon manqué, elle était toujours vue par les autres comme la bonne pote. Pas comme une figure féminine. Et tant mieux, car les amourettes, ce n'est pas son genre. Cependant, au hasard de vacances passées en été, Emerson rencontra une fille avec qui elle s'entendit d'emblée. Deux mois estivaux où elles se rapprochèrent, où elle venait assister aux représentations des Wildrain alors même qu'ils devaient être catastrophiques à cette époque. Une proximité qui finit par se traduire en des sentiments sincères et romantiques. Jamais Emery n'aurait osé penser que cela lui arriverait...

Elles ont passé deux années ensemble. C'est long quand on a seize ans. Alors, les deux faisaient des plans sur la comète. Se disaient prêtes à faire le tour du monde et s'installer dans une grande ville. Les deux voulaient partir de ce trou à rats paumé, coupé de tout. Ce fut d'ailleurs un sujet qu'Emerson amena plusieurs fois auprès des membres de son groupe. Faisant des sous-entendus, des allusions. Les incitant à évaluer la possibilité de partir ensemble, ou elle seule... Mais finalement, personne ne la prenait au sérieux. Même quand elle se met à pester sur la ville et lui trouver un tas de défauts, ils savent lire entre les lignes : Emery ne veut pas quitter Blue Valley. Elle ne veut pas non plus que sa petite amie ne lui échappe...

Sauf qu'arriva l'inéluctable : l'université. Sa copine fut prise dans une belle école au Nord du pays. Malgré les sentiments qu'elles ont l'une pour l'autre, la discussion se termina sur une séparation. La distance ne convenant ni à l'une, ni à l'autre. Un déchirement qu'Emerson noya dans la fête, la musique, l'alcool. Une période assez délurée où elle se força à fréquenter d'autres filles, d'autres gars. Puis la tempête s'atténua violemment.

Il y a un an, ses parents firent une mauvaise rencontre en voiture. Un type plein aux As sortit de nulle part, avec sa grosse berline, il emplafonna le couple et anéantit leur avenir. Son père décéda sur le coup. Sa mère en soins intensifs. Heureusement pour Emerson et sa sœur, elles n'étaient pas seules. Amis et famille éloignée ont été là pour les soutenir. Si l'aînée sort de la torpeur, Emery fait comme si tout cela ne s'était jamais passé. N'en parle pas. Ne pleure qu'une fois les nerfs trop à vif. Même face à ses meilleurs amis, elle reste souriante à chaque instant. Mais ils la connaissent par cœur, savent lire entre les lignes. Le chant la défoule autant que ses frasques qui, parfois, dépassent les limites du raisonnable. Un an après, ils sont toujours là pour elle.