@Bastien Fox

Depuis que tu es arrivé en ville, il n’est pas rare qu’on te croise proche du diner. L’ambiance d’une autre époque, les banquettes, la musique, sur beaucoup de points il te rappelle celui où tu as passé une bonne partie de ta vie. Bien plus souvent derrière le comptoir que devant et quand tu y repenses, un sourire nostalgique se dessine sur ton visage. Aujourd’hui ta vie est bien différente et tu aimes ta vie, tu aimes vivre de ta passion mais il y a un peu moins de dix ans maintenant, tu n’avais rien. Tu n’étais qu’une âme en peine qui dessinait ses rêves sur la banquette d’un diner. Quand tu entres, le carillon libère un doux son pour te souhaiter la bienvenue. La serveuse prend la fuite avec son magasine rempli de culture en main et tu te retrouves seul avec un homme. Assis de dos, tu supposes que c’est le second serveur, tu l’as déjà aperçu une fois quand tu étais venu ici avec Enisa. Tu t’approches pour l’interrompre quand tu vois ce qu’il fait. Il dessine. Te rappelant une fois de plus le passé alors tu ne dis rien. Tu ne veux pas l’interrompre. Tu l’observes, captivé par son art, par la douceur de ses traits. En silence, sans réaliser que tu pourrais passer pour une psychopathe. « Rien. » Tu lui souriais. « Désolé si c’est indiscret mais c’est magnifique. » Tu ne peux pas dire que tu n’as rien vu, tu es juste derrière lui et d’ailleurs, tu te décales en lui présentant tes excuses. Pour beaucoup, regarder un dessin ce n’est rien mais pour toi, c’est comme si tu venais de lire une page de son journal et ça te met un peu mal à l’aise. Même si tu te dois de lui dire à quel point son dessin est beau, à quel point il joue bien avec les détails.

 @Bastien Fox

Quand tu étais plus jeune, il était difficile pour toi de parler de tes dessins. Ou même de dessin de manière général. Tu en parlais facilement à ton frère puis à Jamie. Mais en dehors des deux hommes de ta vie, tu te fermais comme une huitre quand les gens voulaient abordés le sujet, les paroles de tes parents sur l’inutilité de ta passion te revenant aux oreilles comme un vilain rêve. Pourtant, tu sais qu’ils disaient cela pour ton bien, qu’ils ne pensaient pas à mal car vivre d’un art est difficile. Pour des parents qui vivent dans le monde des affaires et le concret, la voie que tu voulais était illusoire. « L’art dépend de l’œil qui le regarde et de l’émotion qu’il offre. » Alors oui, si on regarde ton curriculum on peut dire que tu t’y connais car tu viens de tes dessins ou dire que tu n’y connais rien car tu vis des dessins qui racontent des histoires aux enfants. Des dessins plus mignons et amusants que réaliste. Puis, tu sais que lui s’y connait aussi alors qu’il n’en vit pas. Alors au final, comment savoir si on s’y connait vraiment ? « Si tu me promets que cela ne te dérange pas, je veux bien un moka » Tu lui souriais. « Ne m’en veut pas, je vais rester dans l’art » Tu riais légèrement « Je ne sais pas encore, j’y ai déposé mes valises pour le moment mais on verra. » Que dire de plus, si Enis ne veut pas de toi, tu ne resteras pas dans cette ville. Tu ne sais pas où tu iras mais pas ici. « Tu dessines depuis longtemps ? » Tu supposes que oui, la finesse de ses traits, le gout des détails, on dirait qu’il fait cela depuis des années.

 @Bastien Fox

« Bien vu. » La beauté est ce qu’il y a de plus subjectif dans ce monde. Une chose magique peut paraitre banale pour un autre œil, tout comme fantastique. Et c’est toute la difficulté de l’art, trouver un moyen de faire ressentir son émotion à quelqu’un d’autre. Bien que ton registre soit enfantin, tu mets du cœur à le rendre ludique et amusant, utilisant tes dessins aussi pour aider les enfants à comprendre les drames de la vie. Les choses qu’il ne devrait pas vivre mais qui arrive malgré nous. « Dommage, le tablier revient à la mode, ta collègue peut le confirmer. » Son magasine dans les mains, tu devines qu’elle n’est pas la reine de la discrétion. Et oui, se moquer c’est mal mais dans ce genre de cas, c’est recherché non ? Sérieux ? Bref. « Ce que je voulais dire c’est que je sais que c’est nos doigts nous démange quand on a une idée de dessins, je ne voudrais pas qu’un simple moka taquine ta créativité. L’art c’est important. » Tu devines que peu de gens disent ce genre de chose. Quand c’était toi qui portait un tablier, on avait plus tendance à s’amuser de tes dessins qu’on qualifiait de ‘’passe-temps’’ qu’on ne pouvait t’encourager. Et même venant d’une parfaite inconnue, le soutien ne fait jamais de mal. « Menteur, je suis presque sur qu’au départ, tu avais des traits en bazar que tes parents trouvaient magnifique et si ils sont comme les miens, ils trouvaient même cela bien plus beau que les dessins réalistes. » Tes parents étaient rationnels, et face à l’art, ça peut les faire passer pour des cons par moment. Mais c’est ainsi et tu t’es fait à cette idée. Il faut dire que tu as ta revanche en vivant de ta passion. « Des livres pour les enfants. » Oui, c’est loin d’être la classe comme les artistes de galerie, ton art est plus vu comme celui d’un tatoueur, sous-estimé mais tu t’en fiches. « Comme toi, j’ai commencé par des dessins sur un calepin dans un diner et puis, un jour je suis devenue maman » Tu hausses les épaules, ça change la vie. La tienne avait changé plus que tu ne l’aurais voulu. Tu portes ensuite ton moka à tes lèvres pour en boire une gorgée.

 @Bastien Fox

Il y a bien longtemps que tu ne suis plus les tendances. Bien longtemps que tu as compris que si cela semble complexe, en réalité, le mode est un cycle et ce qui est ringuard aujourd'hui s'arrachera en quelques années et inversement les dix années suivantes alors tu as abandonnés. Evidemment, tu as été une adolescente passionné par les pantalons pattes d'éléphant et la superposition de débardeurs mais cela semble être une autre vie. Aujourd'hui, la plupart de tes tenues sont assez classique, sans prise de risque, ni de tête. Tu lui parlais ensuite de son art. Pour toi, l'art a toujours été une chose particulièrement importante contrairement à la mode. Et il avait un véritable coup de crayon, pas comme les ados qu'on peut voir en période de crise et qui se découvre une passion pour extérioriser leurs sentiments en dessin mais comme quelqu'un qui le fait depuis déjà longtemps. Depuis assez longtemps pour penser au détail, pour voir les ombrages. « Ca l'est. Etrangement, c'est même amusant de dessiner pour eux et on ne dirait pas mais certains sont intraitable. » Tu riais légèrement. C'était pour Enisa que tu avais fait ton premier dessin, ta première histoire qui racontait pourquoi son père n'était pas là. Un livre qu'elle n'a finalement jamais vu pour le moment puisque Jamie est entré dans vos vies et il joue ce rôle à la perfection. Mais avec un enfant, on en connais des aventures et la grande stressé que tu es avait besoin de toutes les histoires, juste au cas où. Juste pour lui expliquer les choses dans le calme. Mais Enisa est douce, tu as déjà eu à faire de vrais petits garnements qui critiquent tout. Le serveur t'indique qu'il n'a pas d'enfant et ça te semble évident vu son jeune âge. Tu imagines bien que toutes tes histoires de mamans sont a des années lumières pour lui. « Oh tu sais, un bébé ou un chat avec un sapin de Noël, c'est un peu près le même résultat. » Tu riais légèrement en te souvenant des vidéos que tu avais pu voir et du premier noel d'Enisa .. R.I.P a pas mal de boules ..

 @Bastien Fox

« C’est vrai, mais ce n’est que de la franchise. » C’était d’ailleurs une chose assez surprenante la première fois. Quand votre fille vous regarde, les yeux totalement innocents et vous balancent une vérité blessante. Au fond de vous, vous savez que ce n’est que de l’innocence, que ce n’est que la réalité mais vous êtes habitué à ce monde parfois faux ou qui met des formes pour chaque chose. Pas un enfant. Et puis avec le temps, vous appréciez cette franchise simple et sans détour. Son histoire avec la petite fille te voles un sourire, ça te rappelle la première fois qu’Enisa avait vu une personne de couleur. Une situation délicate, bien qu’assez classique puisqu’un enfant qui ne connait pas, ne peut pas savoir. « Ma fille a proposé le prêt de notre salle de bain à sa première rencontre mexicaine. » Côté honte, tu supposais que c’était pire. C’est toujours pire quand on parle d’ethnie. « Après tout dépend de l’âge de l’enfant mais ça reste des souvenirs assez drôle pour ses années d’adolescente. » Années que tu n’avais pas hâte de vivre, années que tu voyais encore très loin alors qu’en réalité, ses années-là sont déjà à ta porte. Vous échangés ensuite sur avoir un chat et avoir un enfant, une discussion un peu flou puisque qu’aucun de vous ne possède les deux. Ce ne sont que des suppositions, des choses entendues ou vues sur internet. « Mon frère. Il tient un restaurant en ville, le Clair de Lune. » Le ton de ta voix change un peu, il devient plus nostalgique, plus triste aussi. Tu en parles comme si il était encore ton frère alors qu’en réalité, tu ignores si il y a encore autre chose que votre sang commun entre vous.

 @Bastien Fox

« Malheureusement oui. » Une petite grimace t’échappe, tu es une américaine basique, le teint clair, les cheveux chatains alors tu ne comprendras probablement jamais ce que c’est de vivre avec une ethnie différente. Tu ne comprendras pas ses blessures et c’est pour cela que même de simple mot d’enfant peuvent se retrouver blessant. « Il n’y a pas de soucis ne t’en fais pas, les choses ne sont juste jamais simple avec les familles. » Tu lui souriais. Si ta phrase était vrai, tu évitais de dire que tu en étais la cause. Ta relation avec Enis était ainsi à cause de toi et uniquement de toi, tu le sais aujourd’hui. Tu as laissés la peur te guider et tu as bien failli le perdre pour toujours. Tu regrettes qu’il est fallu qu’il touche la mort du bout des doigts pour t’en rendre compte. D’ailleurs quand il te parle de tes œuvres, tu aimerais lui montrer un joli dessin, un paysage ou encore une belle histoire mais tout ce que tu as sur ton carnet c’est ta nouvelle histoire, encore en cours. Une histoire pour expliquer la mort aux enfants, mélangeant l’horrible vérité avec l’imagination de la vie d’après. Un mélange aussi de dessins enfantin et de dessin d’adultes, même si tu vis de tes dessins d’enfant, tu suis avant tout ton crayon et tu aimes dessiner pour un œil plus mature aussi. Mais il a raison, tu as vu son art, il peut voir le tien alors tu lui tends ton carnet caché dans ton sac à main avant de lui tendre. « Ce sont encore des ébauches. » Tu étais curieuse d’avoir son avis, certes ce n’était pas un critique, ni ton éditeur mais justement, c’était un œil neuf. Et tu étais de ceux qui aimait plutôt bien la critique, tant qu’elle était constructive bien entendu. « La Saint Valentin ? Ne me dis pas que Blue Valley est le genre de petites villes qui adorent toutes les fêtes ? » Tu n’as rien contre la fête des amoureux mais bon, on a compris quoi.. Ils s’aiment à la folie et les célibataires dépriment encore plus qu’en temps normal, est-ce nécessaire de le fêter ?

 @Bastien Fox

« Ca dépend mais la plupart du temps, je dessine les esquisses sur un carnet et le dessin final sur la tablette. Mais sincèrement, rien ne vaut une feuille et un crayon de papier. » Pour toi, ça changeait un dessin, ça lui donnait une âme que l'informatique n'offre pas. Mais pour les besoins de tes histoires et suite à la demande de ton éditrice, tu avais dû faire quelques concessions pour rendre tes traits plus "net", plus dessins animés qu'œuvre d'art. Et finalement, tu t'étais habitué à la tablette, bien qu'elle ne remplace jamais le classique crayon. Cela te faisait bizarre de parler de dessins avec quelqu'un. Tu réalisais qu'avec le temps, c'était devenu un travail ou une passion solitaire mais tu ne connais lus "d'amateur", tu ne connais que des auteurs et ils sont différents. Si ce n'est pas ton cas, tu sais qu'à un moment de la carrière d'un artiste, il dessine plus par nécessité que par passion. Une chose que tu espères sincèrement ne jamais vivre. « Je suis ravie de pouvoir encore touché un public de plus de dix ans. » Tu lui souriais, si cela pouvait ressembler à une plaisanterie, c'était pourtant très sincère. « J'adore dessiner pour les enfants mais je me demande parfois si ça parle encore aux adultes. » La mort était un thème particulier avec ce qu'avait vécu ton frère et tu aimerais lui dire mais il reste un inconnu et Enis, reste un sujet sensible pour toi.

« Les gens sont fous, même si je dois avouer que je trouve bien plus de sens à Noël qu'à la St Valentin. » C'est surement ton âme d'enfant qui parle mais Noel a quelque chose de magique et d'unique pour toi que la St Valentin n'a pas. Tu sais bien qu'au fond, tout cela n'est que du commerce, mais pour Noel, tu fermes les yeux. Tu t'autorises à rêver. « Leyla, et je t'en supplie arrête de me vouvoyer » Tu riais légèrement, tu as encore du mal à être une "dame", tu as tendance à garder un esprit d'enfant. « Je suis heureuse aussi, ca va peut-être te surprendre mais j'ai rarement l'occasion de parler d'art. Je veux dire de la véritable passion de dessiner. »

 @Bastien Fox

« Je suis d’accord avec toi, il n’y a rien de mieux pour jouer avec les ombres et le crayon gagne facilement face à la tablette. J’ignore pourquoi le monde a toujours besoin de tout rendre informatisé. Le support est autant important que le sujet pour moi, je trouve qu’un même dessin ne touche pas le public de la même manière selon son support. » Tu lui souriais doucement. Est-ce que tu étais clair dans tes paroles ? Tu en doutes mais même si dans ta tête, c’est simple cela reste assez difficile à expliquer de manière précise. Mais dans le cas d’une histoire pour enfant, il est vrai que l’outil numérique est pratique et ne change pas grand-chose face à la feuille de papier mais dans le cas où tu veux jouer avec les sentiments, les faire ressentir vraiment sans filtre, la tablette ne serait jamais le support que tu choisirais. Tu trouves cela trop .. Impersonnel, trop droit et lisse. Alors que le dessin doit venir du cœur. Surement un raisonnement trop ‘’vintage’’ pour beaucoup. « Et heureusement. La mort est un sujet tellement délicat et brutal à la fois. » Qu’on l’a voit arriver ou qu’elle frappe par surprise, rares sont les morts qui ne touchent personne. Il faut s’y faire en tant qu’adulte puis l’expliquer à un enfant sans le mettre dans le même état de tristesse que le nôtre et tu imagines que c’est une torture. Les enfants sont curieux, ils posent des questions alors que la mort n’est pas un sujet que nous, les adultes nous aimons abordés. Bien au contraire, on veut le fuir, l’oublier. Ton histoire était là pour aider, pour préparer un enfant à cette fin qui arrive tôt ou tard, à cette fin qu’ils croiseront forcément sans en comprendre la gravité. « C’est un moment de la vie qu’on ne comprend pas, un chemin vers l’inconnu et puis, c’est triste et personne n’a envie de parler des choses tristes avec des enfants souriants et plein de vie. » Après quelques minutes de conversation, vous passez enfin aux présentations. A vrai dire, tu n’avais même pas fait attention au fait que tu ne connaissais pas son nom, tellement surprise de croiser un artiste. « Malheureusement tu as raison, maintenant la mode est à internet. » Tu haussais les épaules presque moqueuse de votre époque où chaque gribouillage correct ne sert qu’à récolter des likes. Par chance, Bastien semblait différent. « Tu devais exposer. Le jour où tu te sentiras prêt. Si tous tes dessins ressemblent à celui que j’ai vu, tu as des chances dans ce milieu. Ne t’emballes pas, je ne suis pas une critique d’art du tout mais il était plein d’émotions et de détails doux malgré le froid de l’hiver. »

 @Bastien Fox

Si il n’était pas rare de voir des gens en train de griffonner sur un bout de papier, il était rare que ce dessin est autant de profondeur que ce que tu avais pu voir entre les doigts de Bastien. Rare qu’un simple dessin fait durant une courte pause puisse soumettre notre âme a autant de réflexion et d’émotion. Pour toi, c’était cela, la preuve de son talent car tu doutes que son idée première était de faire un chef d’œuvre, il voulait probablement juste exprimer ce qu’il ressent ou passer le temps mais pas attirer l’attention. A l’époque d’internet, les amateurs se ruent sur les réseaux pour obtenir des compliments d’autres inconnus qui souvent ne sont pas très objectif, jamais construction, juste de la flatterie ou du dénigrement. Tu étais surprise de voir sa connaissance dans les crayons, tu ne pouvais pas en dire autant. Tu n’es pas attentive aux noms des mines ou à la taille qu’elles font. Tu utilises toujours le même vieux critérium depuis des années. « Ils ont surtout besoin de traits francs, ils observent le moindre détail. » Il faut des choses simple pour les enfants, sans cela, ils peuvent se focaliser durant des heures sur un trait qui dépasse ou qu’on a repassé. Avec la tablette, effacer un trait est un jeu d’enfant et à la fin, le dessin est parfait. Trop parfait pour toi qui aime l’imperfection justement mais parfait pour les enfants. « Alors touche du bois pour que cela t’arrive le plus tard possible. » Tu lui souriais, en un sens, il était chanceux. Même si toute les pertes étaient terrible, la mort restait la pire. Elle reste celle qu’on ne peut pas réparer, les retrouvailles qu’on ne pourra jamais faire. Et aussi évidemment que cela puisse paraitre, tu viens de le réaliser, il y a seulement quelques semaines quand ton téléphone a sonné pour t’annoncer que la mort avait frôlé de très près ton frère. « Avec n’importe qui. » Tu riais doucement, la mort est un sujet si délicat, si complexe et c’est le genre de situation où personne ne réagit de la même manière. Personne ne sait vraiment comment la gérer. « Un dessin choquant n’est pas forcément mauvais, le monde peut-être choquant lui aussi à bien des manières tu sais. » Tu devines qu'il le sait déjà, le dessin étant souvent le reflet de vos coeurs, de vos âmes. Tu te voulais rassurante, l’art est subjectif. On le vit comme on veut, sans règles, ni jugement. Mais tu vois bien que le jeune homme n'a pas confiance en lui et il faut dire qu'il a le temps, il est encore si jeune.

 @Bastien Fox

« Il faut réussir à rendre jolie des choses parfois compliqué, jouer avec les formes, les couleurs,.. » Entre autre chose. Il n’y a pas de sujet plus délicat que la mort à aborder avec un enfant. Déjà parce qu’on ne pas voir la naïveté d’un enfant en un regard, ils sont par nature surprenant. Bien plus malin qu’on l’imagine et bien plus réaliste parfois. Mais il faut aussi prendre en compte que les yeux d’un adulte ne voit pas les choses de la même manière, parce qu’on ne pas dire clairement à un enfant qu’on ne sait pas ce qu’il y a après. Alors on se cache derrière le paradis, derrière les anges, en espérant sincèrement ne pas être en train de mentir. Même si tu dois le dessiner pour le travail, même si ce sujet t’a frôlé et te provoque encore des cauchemars quand tu imagines la mort d’Enis. Tu dois avouer que tu as la chance ne pas avoir eu a expliquer toutes ses choses à ta fille. Elle n’a pas encore connu la départ d’un être aimé et tu pries chaque jour pour que cela arrive le plus tard possible dans sa vie.

« Mais la perte peut-être encore plus douloureuse. » Tu lui souriais. Bastien était l’exemple même de l’artiste torturé et solitaire. Un jeune homme plus profond que ce qu’on pourrait croire. Mais tu comprends ses mots. Au fils des années, tu as beau avoir bougé un peu dans l’état, tu ne peux pas dire que tu as beaucoup de proches. A vrai dire, sauf ta fille, tes parents, Enis et Jamie, tu n’as presque personne dans ta vie. Mais la perte d’un d’eux pourraient être compliquée pour toi. Même si tu n’es pas proche de tes parents. « Promis, je n’étais pas prof de philo dans une autre vie mais dessiner c’est facile, on ne fait que reproduire des choses alors que nos dessins sont plus comme des journaux intimes. » Tu ne sais pas si c’est clair pour lui. Tu as un raisonnement parfois assez complexe mais tu sais qu’un jugement n’est pas pris de la même manière selon le dessin, celui le sens qu’il a pour soi.